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Les Avocats

Le Figaro du 3 juillet 2013:interview d'Eric Dupont Moretti

 

Cet article de Stéphane Durand Soufflant, l'ami d'Eric Dupond Moretti qui l'a aidé à écrire sa biographie, est un condensé de l'argumentaire "révisionniste", pour reprendre une expression qui leur est chère.

 

L'auteur nous explique que Legrand a été acquitté et indemnisé, qu'il se pensait tranquille mais que "C'était sans compter sur des militants jusqu'au-boutistes de la cause des enfants qui récitent une litanie fondée sur deux idées fixes - et un lourd sous-entendu qui n'échappe à personne: les victimes seraient méprisées par les médias au seul profit des acquittés, et acquitté ne signifie pas innocent. Il y a peu, une association, "Innocence en danger", coproductrice d'un documentaire intitulé de manière sibylline "Outreau, l'autre vérité" et relayée par un syndicat ultra minoritaire, FO-Magistrats, a pressé le procureur général de Douai d'organiser l'ubuesque procès".

 

D'une part, Innocence en Danger ne fait que demander la tenue d'un procès qui aurait du se tenir immédiatement et pas 15 ans après les faits, d'autre part de procès n'a rien d'ubuesque: le dossier d'instruction est épais et Legrand a avoué des faits graves à plusieurs reprises. Puis, Durand Soufflant passe un petit coup de pommade à son ami Moretti:

"Dans un courrier cinglant, Me Dupond-Moretti rappelle à Olivier de Baynast que l'un de ses prédécesseurs avait assuré à la défense de Daniel Legrand que "cette affaire ne viendrait jamais devant une juridiction": il reproche au procureur général de "renier la parole du parquet général". L'avocat s'étonne que M. de Baynast, parmi les arguments soumis à la cour de cassation pour obtenir le dépaysement, estime qu'un nouveau procès à Saint-Omer "pourrait laisser croire à une "volonté de revanche" des magistrats du Nord-Pas de Calais". Et d'interroger: "Faut-il y voir un aveu?"

 

Là, on croit rêver: le procès de Legrand pour des faits qui seraient survenus quand il était mineur, et qui a été séparé du reste du dossier, ne devait donc pas se tenir parce qu'un procureur l'a "assuré" aux avocats des acquittés? Pourtant il paraît que dans ce pays, les victimes ont le droit à la justice. Là, on attendait juste la prescription, qui serait intervenue en octobre 2012. Moretti explique ensuite qu'il s'agit des "mêmes faits et des mêmes victimes", ce qui est faux et il le sait très bien: on parle bien de faits antérieurs à ceux qui ont été jugés, concernant Legrand, lors des procès en première instance (à l'issue duquel il a été condamné à 3 ans de prison) et en appel. 

 

Quand Dupont Moretti écrit: "Daniel Legrand majeur a été innocenté, comment Daniel Legrand mineur pourrait-il être coupable?", on a envie de lui répondre peut-être parce que la donne a changé, que les victimes sont adultes, que beaucoup de gens ont compris ce qu'il s'était réellement passé à Outreau, c'est-à-dire 12 enfants reconnus comme victimes. Peut-être parce qu'on ne laissera plus dire n'importe quoi, cette fois.

Et aussi parce que si Daniel Legrand était reconnu coupable en tant que mineur d'abus sexuels, et qu'on reconnait aussi, parce qu'il a l'a dit à plusieurs reprises, qu'ila été payé pour cela, eh bien cela fait de Daniel Legrand une victime de proxénétisme. Et là il faudrait avoir qui le payait. Mais, c'est une autre affaire.

France Info le 28 décembre 2014

 

L'ancien avocat de l'huissier Alain Marécaux a tenu à redire que l'affaire Outreau n'avait aucun fondement, et que ceux qui veulent que ce procès Legrand ait lieu sont des gens qui n'y connaissent rien au dossier.

 

Ainsi, le 28 décembre 2014 sur France Info: "Si vous voulez, tout un tas de gens, d'associations, de justiciers entre guillemets et qui n'ont assisté jusqu'à présent à rien, qui n'étaient ni au procès de St Omer, ni au procès de Paris, qui n'ont donc qu'une version papier, aurait dit l'avocat général du procès de St Omer, qui n'ont pas vécu ces 2 procédures. Je rappelle quand même que la première a duré près d'un mois 1/2, la deuxième a duré presque un mois, et évidemment lors de ces 2 audiences, il s'est dit énormément de choses, il s'est passé énormément d'évenements qui n'existaient pas dans ce qu'on a appelé vulgairement, le dossier papier. Et ces gens sont dans une reconstruction de l'affaire d'Outreau, considèrent qu'en réalité les 13 acquittés étaient sans doute, même s'ils n'osent pas le dire parce qu'il craignent d'être judiciairement poursuivis, étaient en réalité tous coupables, que le fiasco d'Outreau est le fait d'avoir innocenté tous les coupables "

 

Les "gens" et associations dont parle Me Delarue n'ont pas qu'une "connaissance papier" du dossier: ils sont aussi en contact avec divers protagonistes de l'affaire et ont lu tout le dossier d'instruction.

 

Quant au "fiasco" d'Outreau, il était quand-même basé sur un dossier solide et n'a eu lieu que parce que les attaques groupées de la défense contre les experts, l'institution judiciaire et les enfants ont fait l'effet d'un rouleau compresseur. Le fiasco, il est pour les victimes et certainement pas pour les acquittés.

 

Dans cette interview collector tellement la mauvaise foi est criante, Delarue poursuit avec sa vision de la vérité judiciaire: "La vérité judiciaire, on l'a, on l'a obtenu d'abord à St Omer et pour le reste à Paris et nous sommes nous convaincus qu'au-delà de la vértité judiciaire, il y a une vérité vraie qui s'est manifestée en acquittant ces hommes et ses femmes, parce qu'ils étaient innocents des crimes qui leurs étaient reprochés".

 

Justement, la vérité judiciaire d'Outreau a aussi conclu en appel que 12 enfants étaient bien victimes, et notamment de proxénétisme. Qui a payé alors que les deux couples jugés coupables vivaient des allocations et étaient surendettés? Et parmis ces 12 enfants reconnus victimes, la moitié n'étaient pas les enfants de ces deux couples jugés coupables.

 

Durant l'émission sur France Inter du 28 décembre 2014, Me Delarue nous donne son interprétation de la santé mentale d'une victime, il dit : "(...) un mot qu'avait dit le procureur de la république lorsqu'il s'est exprimé à St Omer : "On a croisé la parole d'une mythomane avec celle d'un enfant fou", et la mythomane c'est évidemment Myriam Badaoui et l'enfant fou, nous n'en dirons pas plus, il était mineur à l'époque des faits, c'était le principal accusateur dans ce dossier."

 

Il est incroyable d'affirmer cela alors que la vérité judiciaire, c'est que les enfants ont bien été victimes, il n'a jamais été évoqué la folie de l'un d'entre eux, il s'agit là de diffamation.

 

La Voix du Nord du 27 juin 2013: interview d'Eric Dupont Moretti

 

Dans cet article signé par Eric Dussart, on nous dit que le procès Legrand aura lieu malgré "l'écroulement du dossier complet", ce qui est un pur mensonge: pourquoi la justice aurait-elle reconnu 12 enfants comme étant victimes, et condamné quatre personnes, si le dossier s'était complètement écroulé? Pourquoi ce journaliste dit-il une énormité pareille? Quel est le but?

 

Selon Me Dupond Moretti, qui est encore une fois longuement interviewé au sujet dudit procès, il n'y a rien contre Legrand, à part les élucubrations de Myriam Badaoui, passée pour une mythomane SAUF quand elle a exempté tous les accusés à la fin du procès en appel. " Voilà un garçon qui a été accusé à tort et à qui on renvoit les mêmes accusations aujourd’hui. Des accusations de Myriam Badaoui, d’ailleurs. Et pas des enfants ! Aucun des enfants victimes ne le mettait en cause", a-t-il ajouté.

Ceci est un mensonge, et Moretti, qui a du lire le dossier, devrait le savoir: Legrand est accusé par plusieurs enfants de fratries différentes, reconnus comme victimes à l'issue du procès en appel et même par des cousins à lui. Il est également accusé par deux autres adultes. Et cel, sans compter les propres aveux de Daniel Legrand, réitérés par écrit puis devant le juge et un expert psychiatre.

 

En outre, Dupont-Moretti se fait menaçant: il promet de faire témoigner "tous les acquittés, tous les magistrats", mais aussi et surtout il voulait faire "citer toutes ces personnes qui viennent aujourd’hui dire leur vérité et qui ne connaissent rien au dossier. Ceux qui n’étaient ni à Saint-Omer, ni à Paris, et qui refont l’histoire judiciaire. Toutes les ombres révisionnistes qui voudraient que la vérité n’ait jamais existé". Mais qu'il le fasse! Personne ne dit que les acquittés sont coupables: la demande est que ce procès Legrand ait enfin lieu, et que l'on arrête d'oublier les 12 enfants victimes, issus de cinq fratries différentes.

 

Quant à la fameuse commission d'enquête parlementaire qu'il invoque, elle n'a pas mis en évidence de dysfonctionnements dans la procédure, et elle n'a absolument pas tenu compte des victimes.

Dupont Moretti terminait en lançant un appel à tous les avocats de la défense des premiers procès d'Outreau à venir défendre Daniel Legrand.

 

Eric DUPONT-MORETTI

Hubert DELARUE

Georges FENECH

Le député, ancien juge d'instruction, redevenu avocat, a annoncé en septembre 2014 qu'il serait l'un des avocats de Daniel Legrand à Rennes, parce que selon lui "Ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu".

 

Georges Fenech avait été l'un des membres de la commission d'enquête parlementaire sur Outreau, particulièrement offensif quand les magistrats défendaient leur travail et expliquaient que le dossier à l'encontre des accusés n'était pas vide.

 

Ancien président de la mission de lutte contre les sectes, le député Fenech a eu quelques difficultés judiciaires, notamment avec ses comptes de campagne en 2007 (son élection a même été annulée).

 

Georges Fenech, en plus de son mandat de député, travaille aujourd'hui au cabinet de Me Goldnadel, spécialisé dans les procès contre ceux qui osent encore critiquer le sionisme. mais étrangement, ledit cabinet défend aussi Patrick Buisson, l'ancien conseiller d'extrême droite de Nicolas Sarkozy, qui s'occupe aujourd'hui de Laurent Wauquiez.

Cette association avec un avocat militant sioniste est étonnante, quand on sait que Georges Fenech avait été poursuivi pour avoir diffusé dans le journal de son association de magistrats des propos antisémites. "Ce jour-là paraît dans la revue de l'APM, Enjeu justice, un billet d'humeur qui évoque les déboires du substitut de Toulon, Albert Lévy, mis en examen pour violation du secret de l'instruction. L'article se termine ainsi: "Tant va Lévy au four qu'à la fin il se brûle.", nous apprend L'Express en décembre 1998.

 

Peu avant le procès en appel de l'affaire Outreau, Georges Fenech, député UMP et ancien juge, a co écrit (notamment avec un autre avocat nommé Thierry Levy, dont on a vu la déclaration sur les pédophiles selon lui injustement attaqués) une lettre au président de la République en vue d'engager "une vraie réforme de la justice". En décembre 2006, Georges Fenech a mis en place l'Observatoire d'Outreau, pour "promouvoir une réforme profonde de la justice". Il a présenté cet observatoire lors d'une conférence de presse, entouré d'Eric Dupond-Moretti et de deux acquittés, Roselyne Godard et l'abbé Dominique Wiel qui ont aussi participé à la création dudit "observatoire"...

 

En 2005, avant le procès en appel, Fench a publié son oeuvre "Un juge en colère", qui récupère encore l'affaire d'Outreau, et dont voici le pitch:

"Ce cri de colère d’un juge est né du procès d’Outreau, de son cortège de vies ruinées, d’innocents couverts d’opprobre, de ces années de prison pour rien, de ces familles brisées, de ces enfants arrachés à l’affection de leurs parents.
Ces injustices se reproduiront tant que survivra le juge d’instruction, figure emblématique du système inquisitoire reposant, depuis la Révolution, sur les épaules d’un homme isolé dans le secret de son cabinet et livré à son libre arbitre.
Il n’y a plus une minute à perdre pour changer radicalement un système judiciaire archaïque, pour lever le voile sur ces instructions menées à charge, confiées à des juges parfois inexpérimentés, ou souvent autoproclamés Saint-Just, sans réelle responsabilité, se livrant avec la bienveillante complicité des médias, et sans rencontrer de réelles défenses des avocats, à des lynchages aux conséquences indélébiles
".

 

Lui aussi, manifestement, a oublié les 12 victimes. Il reprend aussi la caricature qui a été faite du travail du juge Burgaud. On comprend bien enfin que, dans la lignée de sarkozy, Fenech réclamait énergiquement la fin des juges d'instruction.

 

 

Twitter

 

Nous découvrons Twitter, un outil déjà connu par Me Hubert Delarue. Sur ce réseau social, comme on dit, Me Delarue s'est laissé aller à quelques excès:

 

On le sentirait presque au bord de la crise de nerfs. Nous avons noirci les noms parce qu'il s'agit de calomnie.

 

Me Delarue a donc dénoncé "les falsificateurs de la mémoire judiciaire" (concept des plus obscurs qu'il conviendrait de nous expliquer). Encore une fois, selon lui, on ne peut pas parler de  choses auxquelles on n'a pas assisté directement. La commission d'enquête parlementaire sur Outreau est donc illégitime puisque les parlementaires n'ont pas logé à la Tour du Renard à l'époque des faits, de même que toutes les commissions d'enquêtes parlementaires du monde, et de même que tous les procès du monde: les juges n'y étaient pas (au moment du crime, avec leur petite chaise pliante et leur glacière).

 

On rigole, mais pour le club des acquittés, c'est un argument.

 

Il nous explique que les enfants victimes ont "tous innocentés" (sic.) les accusés à tort (phrase obscure également comme l'a souligné un de nos amis, car qu'est-ce qui a été fait à tort? L' "innocentement" ou l'accusation? Mystère.

 

Il dit aussi que les 4 condamnés ont "innocentés" (sic.) les accusés, mais en même temps plusieurs accusés ont aussi avoué des faits largement corroborrés par les enfants reconnus victimes.

 

Me Delarue dénonce encore "la clique des révisionnistes", mais comme on l'a déjà dit, les premiers "révisionnistes" sont ceux qui nient l'existence des enfants victimes et n'en parlent jamais, quitte à sous-entendre que ces enfants sont des menteurs.

Ou bien la justice se serait trompée concernant les victimes, mais pas au sujet des acquittés? Et quel baromètre nous permet de voir où se trouve la vraie vérité entre deux vérités judiciaires, dans ce cas?

 

Il ne nous reste qu'une seule possibilité: se baser sur le jugement en appel, qui confirme l'existence de victimes, 12 au total, qui auraient donc menti, on ne sait pourquoi, au sujet d'une partie des faits mais pas de tout? Quels faits montreraient que les enfants reconnus victimes auraient menti? ET pourquoi à tel moment et pas à tel autre?

 

Le dossier n'est pas "vide", comme certains le disent, sinon personne n'aurait été renvoyé au tribunal déjà en 2004. Tout s'est peut-être avéré faux du point de vue judiciaire, mais à l'origine, les juges étaient forcés, compte tenu des éléments récoltés, de protéger les enfants.

 

Me Delarue parle aussi d'un "expert retoqué" dans ses "Tweets". Mais aucune expert n'a été "retoqué" lors des procès d'Outreau. Face aux critiques des avocats de la défense, un deuxième collège d'experts a été nommé lors du procès en appel, et ceux-ci ont confirmé les expertises des premiers experts, ceux qui avaient été attaqués par la défense.

 

Une défense qui avait invité Paul Bensussan pour témoigner en faveur des accusés, en dissertant au sujet de la parole des enfants qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux, surtout quand ils sont perturbés. Ce qui, devant la gravité des accusations, laisse perplexe de la part d'un "expert" qui n'a rencontré aucun des enfants.

 

Me Delarue dénonce une "victimologue", mais nle Dr Benussan est, lui, un sexologue et pas du tout un pédopsychiatre. pourtant, il a écrit sur l'affaire d'Outreau, sur ces enfants qui disaient, finalement, des mensonges.


Quand au coup de la musaraigne, il nous l'ont déjà faite avec une autre thématique la dernière fois, et il ne s'agit là que d'une partie d'un test plus complexe destiné à évaluer et comprendre ce que disent les enfants.

 

Florence Aubenas, pour Me Delarue, serait donc inattaquable sur son livre à charge contre les victimes "La Méprise"? On peut démontrer l'inverse.

 

Et enfin, n'ayant pas peur d'être vulgaire tellement il est énervé, Me Delarue nous parle d'un trio d' "imposteurs révisionnistes", mais alors il n'avait qu'à porter plainte quand chacun des trois a écrit, publié ou diffusé le fruit de son travail sur cette affaire. Quelle hypocrisie.

 

Quand à "démasquer" les gens, personne ne voit non plus de quoi il parle. A priori, on va bien au procès de Daniel Legrand  pour des faits reprochés avant ses 18 ans. Il serait incroyable qu'ils nous refassent le même coup qu'en 2004 et 2005, à détourner les débats avec des diversions qui n'ont rien à voir, juste pour noyer le poisson.

 

Le cadre de ce procès de Rennes est très clair, et il est hors de question d'en sortir. Il serait bon que la défense, les six avocats de Legrand et leurs amis journalistes, permettent à la sérénité des débats de n'être pas qu'un voeu pieux une fois de plus dans cette affaire.

 

 

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